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Bien-être : apprenez à consoler et laissez-vous consoler

Alexandra Raillan
Et si apprendre à consoler et à se laisser consoler permettait d'ouvrir un nouveau champ des possibles dans la quête du mieux être ? Interview de Christophe André, spécialiste des troubles émotionnels.
La consolation est une invitation à la vie

Ancien médecin-psychiatre à l’hôpital Saint-Anne, à Paris, spécialiste dans le traitement des troubles émotionnels, anxieux et dépressifs, papa de la méditation de pleine conscience dans le cadre hospitalier, auteur à succès… Christophe André est notamment connu pour ses ouvrages Méditer, jour après jour (éd. L’Iconoclaste), Imparfaits, libres et heureux (éd. Odile Jacob) et, avec Matthieu Ricard et Alexandre Jollien Trois amis en quête de sagesse (éd. J’ai lu).

Rattrapé par la maladie en 2015, Christophe André livre aujourd’hui un ouvrage authentique et bouleversant sur les consolations.

Comment avez-vous eu l’idée de vous pencher sur la consolation ?

Ce thème s’est imposé à moi quand je me suis retrouvé de l’autre côté de la barrière, malade. Atteint d’un cancer des poumons à l’issue incertaine, j’avais certes besoin qu’on soigne ma maladie, mais également qu’on s’occupe de ma personne. Médecin, je n’avais jamais mesuré à quel point la consolation est vitale et tout aussi importante que le traitement. Allongé sur un brancard, en attente d’un résultat stressant, quand, par des gestes simples comme une main sur l’épaule, un mot gentil, un regard ou un sourire, je me sentais réconforté, je sentais aussi un mieux-être physique immédiat.

À quel point la consolation rentre-t-elle en résonnance avec notre époque ?

La consolation, c’est ce que l’on propose à quelqu’un pour rester dans le monde des vivants, de continuer à vivre malgré tout. La consolation est une invitation à la vie. Depuis quelques années, nous sommes confrontés à de nombreuses désillusions (la perte de foi dans le progrès) et de nombreuses angoisses (terrorisme, réchauffement climatique)… L’époque appelle à la consolation. Et c’est d’autant plus vrai avec l’arrivée du Covid qui nous rappelle que l’humain n’est finalement pas si puissant…

La consolation peut-elle se confondre avec de la bienveillance ou de la gentillesse ?

Bienveillance, douceur, gentillesse, empathie… toutes les intentions de faire du bien à autrui font partie de la consolation. Celle-ci est composée de ces différents gestes et attentions, mais la consolation est aussi beaucoup plus que cela. C’est un mouvement global pour garder la personne en vie et éviter ainsi qu’elle se referme sur elle, sur ses chagrins…

On peut alors endosser le rôle de consolateur sans le savoir ?

Les animaux de compagnie, par leur simple présence, leur amour inconditionnel, sont d’excellents consolateurs. Les enfants qui passent dans la rue et crient de joie aussi. Ou le sourire d’une personne inconnue…

Face à la peur de mal faire, d’être maladroit, comment bien consoler ?

Ce n’est pas facile de s’immiscer dans le chagrin de l’autre. La consolation, c’est proposer d’ouvrir un peu la fenêtre, de faire entrer un peu de lumière dans le noir. Pour « réussir » à consoler, il faut d’abord renoncer à obtenir un résultat. Le consolateur ne répare pas le réel. Il n’est pas dans la recherche de résultat. Il est simplement là. Par exemple, face à quelqu’un dans le chagrin, le consolateur ne va pas vouloir stopper les larmes, mais rester là et accepter les pleurs.

Ensuite, il faut prendre son temps avant de faire de grands discours sur la vie à coup de « ça va passer, le temps efface la tristesse, demain est un jour meilleur ». Toutes ces phrases, même justes, sont irrecevables pour la personne qui a besoin d’être consolée. Il vaut mieux jouer la carte de la simplicité : « Je suis là, je t’aime, je vais t’aider… »

Certaines personnes sont-elles inconsolables ?

Il y a les gens difficiles à consoler, qui n’acceptent pas leur vulnérabilité, car ils se sont construit une carapace qui ne laisse pas passer leurs émotions. Pour être consolé, il faut accepter l’idée d’être blessé et d’être aimé. Et il y a ceux qui sont inconsolables car la peine est trop lourde. Je pense par exemple aux parents endeuillés qui garderont toute leur vie cette part brisée en eux.

Peut-on s’autoconsoler ou doit-on compter sur les autres ?

La plus puissante des consolations vient de l’extérieur, mais on ne peut pas passer sa vie dans les bras des autres. L’autoconsolation est alors tout aussi essentielle.

J’ai du chagrin, je suis face à une adversité du quotidien, mais est-ce que je vais voir que le ciel est beau ? Est-ce que je vais entendre ces rires à côté de moi ? Est-ce que je peux m’en réjouir, même un petit peu ? Cela fait aussi partie de l’équation de la consolation. La marche, seul ou accompagné, est un excellent moyen de remettre en mouvement son corps, de renouer avec la vie. Cette activité simple permet d’ouvrir notre conscience vers autre chose que notre souffrance. S’écrire une lettre comme on écrirait à un ami permet aussi d’être doux et enveloppant envers soi. On ne dirait jamais à son ami « reste enfermé chez toi » ou « c’est bien fait pour toi, tout ce qui t’arrive » !

Un mot pour le personnel soignant ?

Ne jamais négliger, à côté du savoir-faire et de l’expertise, l’importance du lien avec son patient. Être dans l’affection au sens noble, être dans le rôle du consolateur, cela fait aussi partie du chemin de la guérison.

À lire :

Consolations, celles que l’on reçoit, celles que l’on donne, de Christophe André (éd. L’Iconoclaste)

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