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Le grand invité Afrique

Burkina Faso: «Nous pensons être dans la bonne dynamique dans la réponse humanitaire»

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Le Burkina Faso connaît une crise sécuritaire sans précédent qui a provoqué le déplacement de près d'un million et demi d'habitants. La semaine dernière encore, une attaque dans le village de Kodyel, dans l'est du pays, a fait une trentaine de morts et des centaines de personnes ont dû fuir leurs domiciles. Le nombre de déplacés internes ne cesse de croître et l'aide de la communauté internationale tarde à arriver. La ministre burkinabè de l'Action humanitaire, Marie Laurence Ilboudo répond aux questions de Gaëlle Laleix.

Une femme déplacée à l'intérieur du pays et ses enfants, à Kaya, le 14 octobre 2020.
Une femme déplacée à l'intérieur du pays et ses enfants, à Kaya, le 14 octobre 2020. © Olympia de Maismont/UNOCHA
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RFI : Vous avez alerté la semaine dernière sur la situation des déplacés internes au Burkina, une situation qui s’est aggravée depuis les récentes attaques qu’a connues l’est du pays. Est-ce que, pour commencer, vous pourriez nous faire un point sur cette situation ?

Laurence Ilboudo : Oui, tout à fait. Nous avons eu des attaques un peu partout dans la région du Nord, du Sahel, de l’Est et du Centre-Nord. Cela a occasionné à peu près 18 000 personnes déplacées internes en hausse. Aujourd’hui, nous avons 1 million 147 mille 699 personnes déplacées sur les 13 régions. Aujourd’hui, les régions les plus touchées restent celles du Centre-Nord, du Sahel, du Nord, de l’Est et la région de la Boucle du Mouhoun.

Et dans quelles conditions vivent ces déplacés internes ?

Aujourd’hui, il faut saluer la solidarité endogène. Les premiers secours restent les communautés d’accueil de ces personnes déplacées internes. Nous avons aussi des sites d’accueil des personnes déplacées qui sont majoritairement dans la région du Centre-Nord et du Sahel. Le plus souvent, ce sont les familles d’accueil qui ouvrent leur porte et partagent le peu de repas qu’ils ont avec ces personnes, en attendant qu’on fasse l’appui.

Quels programmes d’aide ont été mis en place par le gouvernement burkinabè ?

Tout à l’heure, je vous ai dit que nous avions un plan de réponse humanitaire qui a été élaboré avec les partenaires techniques et financiers, qui s’élève à 607 millions de dollars. Aujourd’hui, nous avons une mobilisation de 3 millions de dollars sur cette réponse humanitaire pour venir en aide à 3 millions de Burkinabè qui seront en situation de détresse. Sur les 3 millions de Burkinabè, nous voulons dire que ce n’est pas seulement les personnes déplacées, mais des personnes vulnérables, parce que nous allons bientôt rentrer en pleine période de soudure, et nous comptons sur ces zones qui n’ont pas cultivé du fait de l’insécurité. Nous devons répondre à ce besoin humanitaire et ce besoin alimentaire au niveau de ces personnes. Je profite de ce micro pour demander aux donateurs de faire un geste pour le Burkina Faso parce que nous pensons que nous sommes dans la bonne dynamique pour la réponse humanitaire.

Quand même, 3 millions de dollars levés, 607 millions de dollars dont vous avez besoin ?

J’ai dit aujourd’hui que la réponse est plutôt endogène qu’internationale. Mais le Covid-19 est venu tout chambouler. Nous pensons que bientôt les gens vont regarder les priorités. Aujourd’hui, le Covid-19 reste une priorité à l’international, mais au Burkina Faso, nous notre priorité, ce sont les personnes déplacées internes, c’est le paludisme, c’est beaucoup d’autres facteurs en plus du Covid-19. Cela représente 11% aujourd’hui de la mobilisation des ressources. Et sur ces ressources si on enlève l’apport de l’État, celui de l’international reste faible pour l’instant.

Compte-tenu de la situation sécuritaire dans le pays, est-ce que vous parvenez à acheminer l’aide partout où c’est nécessaire ?

C’est une des grandes difficultés que nous avons. L’accès aux zones est assez difficile, parce que nous savons que nous avons parfois des mines sur les voies. Donc, nous essayons avec l’armée d’escorter les vivres dans les zones les plus difficiles, parce que nous savons aussi que nos vivres sont convoités par ces hommes armés non identifiés. Ils attaquent souvent nos dépôts de stocks. Parfois, dans la réponse humanitaire se glissent des personnes non identifiées qui, quand elles sont au pied du mur, c’est-à-dire en situation de défaite, se mêlent aux populations en détresse. Et, nous sommes obligés de survenir aux besoins de toutes les populations sans distinction.

Il y a des zones qui restent inaccessibles pour l’aide humanitaire d’urgence ?

Non, je ne dirais pas inaccessibles, mais d’accès difficiles. Avec l’organisation de l’armée, que ce soit l’armée de l‘air ou l’armée de terre, nous convoyons des vivres dans ces zones. Donc, aucune zone n’est inaccessible pour le gouvernement pour l’instant.

En dehors de cette aide d’urgence, est-ce que les autorités burkinabè réfléchissent à une solution durable à cette question des populations déplacées ?

Nous savons pertinemment que ce n’est pas demain la veille que nous allons quitter cette insécurité, parce qu’elle n’est pas seulement militaire. Nous devons travailler sur la sécurité humaine, sur la vulnérabilité des populations et la cohésion, sur le dialogue social pour aider les populations au bon vivre ensemble. Dans ce sens, nous avons plusieurs stratégies. Et sur l’urgence que nous avons, nous avons le pré-relèvement : soit les personnes retournent dans leur zone d’origine, soit elles identifient une zone où elles se sentent le mieux pour continuer à vivre. Et en ce moment, nous avons mis en place une équipe qui est en train de réfléchir sur la stratégie de relèvement pour accompagner cette population à continuer leur vie parce que la vie continue.

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