En vertu de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat de 1905, la mairie de Paris est propriétaire de 96 édifices cultuels dans la capitale, dont 85 églises ou chapelles dédiées au culte catholique.

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"La ville est propriétaire de 75% des églises de Paris", explique Philippe de Cuverville, l'Econome (directeur général des affaires économiques, ndlr) du diocèse de Paris.

Il suffit de se promener dans Paris pour constater l'état plus ou moins mauvais des édifices religieux. "Je peux vous faire une litanie de noms d'églises dégradées, c'est un problème qui ne va pas en s'améliorant", souligne l'Econome.

Rien que pour l'église Saint-Augustin, dans le VIIIe arrondissement, il faudrait réaliser 20 millions d'euros de travaux "pour éviter que les pierres tombent sur la tête des paroissiens", précise ce responsable. Quand, dans d'autres églises, "il pleut sur le missel le dimanche, les fidèles ne trouvent pas cela drôle!"

Il regrette que l'"entretien des édifices publics ne soit pas la priorité", alors que les églises de la capitale accueillent aussi bien des fidèles que de nombreux touristes ou des férus d'histoire.

"La question de la dégradation des églises n'est pas l'apanage de la couleur politique", souligne M. de Cuverville. Même refrain chez le prêtre de l'église Saint-Augustin, le père Denis Branchu, selon qui "il y a 100 ans que la ville ne s'occupe pas de ses églises!"

Ainsi, au sommet du fronton de l'édifice -construit par Baltard, architecte des Halles- les statues de Saint-Jean et de Marie sont emmaillotées dans un grillage car "la pierre se ronge", explique le père Branchu.

Le dôme intérieur est lui aussi grillagé pour éviter que les pierres ne tombent: "Notre église est dans un état préoccupant", se désole le prêtre.

A Saint-Philippe-du-Roule, le père Jean-Marie Dubois doit sortir les seaux à chaque fois qu'il pleut: "Parfois ils se remplissent en quelques minutes!" La mairie de Paris a pris la mesure du problème et décidé une enveloppe de 800.000 euros pour recouvrir cette église d'un grand parapluie, en attendant mieux.

"Dans les autres villes, les maires mettent tout leur orgueil à ce que leurs églises ne soient pas dégradées! Quand on voit l'argent mis dans des projets comme Paris Plages ou les 250 millions d'euros pour le seul toit des Halles, tout ceci est une question de choix politique", relève le père Dubois.

Pour Danièle Pourtaud, adjointe chargée du patrimoine, "c'est un crève-coeur de ne pas pouvoir tout de suite rendre leur magnificence à tous ces édifices".

Sous la mandature de Jean Tiberi, avant 2001, "seulement 23 millions d'euros" avaient été alloués à la restauration des églises, rappelle-t-elle, tandis que "pour la première mandature de Bertrand Delanoë, on a dépensé 90 millions" et que pour la mandature 2008-2014, "nous bénéficions d'une enveloppe entre 66 et 67 millions".

"Nous sommes obligés de prendre les chantiers par ordre d'urgence, ce sont des travaux très gros qui demandent une main-d'oeuvre très spécialisée", explique Mme Pourtaud. Par exemple, le chantier de l'église Saint-Sulpice et la réfection de sa tour nord a nécessité 10 ans et 30 millions d'euros, dit-elle.

Catherine Dumas, élue UMP mobilisée sur la question, dépose chaque année en vain un amendement pour doubler l'enveloppe annuelle des travaux pour les églises (10 à 20 millions). "On sacrifie le budget du patrimoine pour de nouvelles opérations comme les Halles qui vont coûter un milliard d'euros", déplore Mme Dumas.

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