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La SNCF embarque Uber dans son application multimodale

L'Assistant SNCF, qui propose des solutions de transport de bout en bout au sein d'une agglomération, signe un accord inédit avec Uber. Pour la première fois, ce dernier accepte de figurer dans une plate-forme tierce, qui est passée à 16 millions d'utilisateurs.

La SNCF ambitionne de contrer la « continuité modale » de la voiture individuelle par la « continuité numérique », via son smartphone.
La SNCF ambitionne de contrer la « continuité modale » de la voiture individuelle par la « continuité numérique », via son smartphone. (Photo Patrick ALLARD/REA)

Par Denis Fainsilber

Publié le 16 juin 2020 à 06:57Mis à jour le 16 juin 2020 à 16:30

C'était il y a pile douze mois, et ce fut une petite révolution interne. En juin dernier, la SNCF lançait son Assistant SNCF , une application regroupant des offres de taxis, de VTC, de transports en commun au sein d'une seule et même plateforme (l'ex-Appli SNCF). La direction ambitionnait de convaincre les usagers en leur offrant d'identifier, de réserver et, si possible, payer en quelques clics tous les moyens de transport disponibles dans n'importe quelle agglomération française. Et elle comptait bien sur la force de frappe de la SNCF pour damer le pion à la concurrence plus ou moins comparable de Google et autres Citymapper.

Dans ce match-là, la SNCF vient d'accrocher un gros client à son tableau de chasse : Uber a fini au bout d'un an de tractations par accepter de figurer dans l'intégrateur de voyages du groupe tricolore, pour ses services en Ile-de-France, signant un accord dont les détails seront divulgués mardi matin.

Le Covid a décalé l'agenda

Le partenariat, bien avancé à la fin de l'hiver, a été décalé par le Covid-19. C'est la première fois que l'opérateur de VTC international se greffe sur une plate-forme tierce, autre que la sienne, en acceptant de partager des données sensibles. « Quelqu'un qui n'a pas de compte Uber mais possède déjà un compte SNCF Connect pourra faire une réservation et payer via notre appli. C'est un vrai franchissement de cap, un partenariat dense, pour lequel Uber a accepté de faire une exception pour un pays et une entreprise donnés », se félicite Alexandre Viros, le directeur général de e-Voyageurs SNCF, et à ce titre responsable de « l'usine digitale » du groupe public qui compte 1.000 experts.

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Les autres ralliements espérés pour compléter la palette de services sont par exemple les taxis G7, courtisés dès le départ, ou bien de gros exploitants de trottinettes ou de vélos en libre-service. Pour l'état-major de la SNCF, l'Assistant est beaucoup plus qu'un comparateur, comme peut l'être le grand concurrent CityMapper qui renvoie le plus souvent sur les sites de ses clients. Il s'agit d'un « couteau suisse » de mobilité, une porte d'entrée unique permettant de rester au sein de la même appli, elle-même rémunérée par des commissions de ses partenaires.

Chaud partisan cet outil de « MaaS » (mobility as a service), l'ancien PDG Guillaume Pepy tenait absolument à présenter le bébé l'été dernier avant son départ, bien que les équipes n'étaient pas encore prêtes. Qu'importe. Selon lui, la SNCF saurait ajouter au fil de l'eau des « briques » technologiques, de manière itérative. A ce stade, l'appli a été téléchargée par 16 millions d'utilisateurs contre 13 millions en juillet 2019 mais, critère plus pertinent, « sa croissance a été plus forte par le nombre d'usages, notamment par les recherches d'utilisateurs », explique Alexandre Viros. Sur les six mois « d'avant Covid », le trafic a augmenté de 65 %, selon lui.

Au départ conçue comme un outil d'information, la plateforme est devenue « transactionnelle » malgré les difficultés techniques que cela engendre, par exemple sur le procédé de paiement sans contact NFC. Dans quelques jours, les utilisateurs pourront recharger leur Passe Navigo avec leur smartphone via l'appli SNCF, à condition d'être sous Android.

Solutions de bout en bout

L'idée maîtresse est de proposer au grand public des solutions de bout en bout, soit d'une adresse à une autre adresse, quitte à passer d'un TER à un vélo, en décloisonnant l'univers du train, au nom de la fluidité. « Les gens ne vivent pas et ne travaillent pas dans les gares, celles-ci sont juste sur leur chemin », insiste Alexandre Viros, peu inquiet du développement d'autres plateformes en parallèle, comme celles de la RATP ou de la région Ile-de-France. « Tout ce qui stimule de l'usage va créer le marché ».

Pour ce dernier, les différentes plateformes « multi-transports » n'ont au final qu'un seul vrai concurrent : la voiture individuelle, qui truste encore 82 % des trajets de mobilité dans l'Hexagone. « Comment abandonner la voiture ? Malgré l'offre qui existe, on n'a pas encore trouvé la réponse », admet-il.

Denis Fainsilber

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