La liste des politiques haïtiens sanctionnés par le Canada s’allonge

Le Canada continue avec la vague de sanctions initiées contre des acteurs politiques haïtiens impliqués dans la détérioration de la situation sécuritaire d’Haïti. Un ancien président de la République, deux ex-Premiers ministres, un sénateur en fonction, un ancien sénateur et un député sont venus allonger la liste du Canada, rien que le week-end écoulé.

Les autorités canadiennes n’y vont avec le dos de la cuillère. En effet, l’ancien président haïtien Michel Martelly et l’ancien Premier ministre sous son administration, Laurent Lamothe, également Jean Henry Céant, qui a aussi occupé le fauteuil de la Primature pendant la Présidence de Jovenel Moïse, sont sanctionnés. C’est le Premier ministre canadien Justin Trudeau qui en avait fait l’annonce sans toutefois nommer les concernées, au cours de sa participation en Tunisie au sommet de la Francophonie, le dimanche 20 novembre 2022.

 

Quelques minutes plus tard, l’ambassadeur du Canada en Haïti, Sébastien Carrière, allait confirmer qu’il s’agissait de ces hommes qui ont occupé les plus hautes fonctions de l’État durant les dix dernières années. Cette nouvelle liste intervient moins 24 heures après l’annonce des dernières mesures adoptées contre les sénateurs Rony Célestin et Hervé Fourcand ainsi que l’ancien président de la Chambre basse, Gary Bodeau, pour avoir également alimenté la violence en Haïti. Ce qui met officiellement à 8 le nombre des personnalités politiques sanctionnées par le gouvernement canadien. 

 

La plupart des concernés n’ont pas mis du temps pour réagir. L’ancien Premier ministre Jean-Henry Céant a réagi après avoir été sanctionné par le Canada. Dans un message publié sur Twitter, peu après à l’annonce du gouvernement canadien, le notaire a déclaré avoir constitué ses avocats en Haïti et au Canada et a demandé d’avoir accès au dossier.

 

« Je suis désagréablement surpris d’apprendre que j’ai été sanctionné par le Canada. Une énième tentative d’assassinat de mon caractère! De l’Inde, en conférence sur la paix et la non-Violence, j’ai constitué des avocats en Haïti et au Canada pour avoir accès au dossier », a-t-il écrit.

 

Pour sa part, l’ancien Premier ministre Laurent Lamothe soumet certaines interrogations pour lesquelles il dit attendre des réponses, faute de quoi il réclame le retrait des mesures. « Le gouvernement canadien à deux choix : 1) fournir des preuves que moi, Laurent Lamothe, finance les gangs haïtiens. Et ceci avec des preuves concrètes. À savoir : quels gangs ? Combien d’argent que j’ai versé à date ? Comment se font ces versements ? Audio d’une quelconque communication ou échange de textes avec des gangs ? 2) faire retrait formel et officiel de ses accusations mensongères. Nous insistons pour que la vérité soit rétablie dans le plus bref délai », a-t-il publié. 

 

De son côté l’ex-député de la commune de Delmas Gary Bodeau condamne les allégations des dirigeants canadiens contre sa personne. « Moi, Gary Bodeau, je condamne sans équivoque le récent communiqué de presse du gouvernement canadien, qui m’a étiqueté comme un individu impliqué dans le financement et la prolifération de gangs et d’autres groupes violents en Haïti. Le gouvernement canadien m’a accusé de participer à des violations des droits de l’homme contre mon propre peuple, le peuple haïtien. »

 

« Tout au long de ma carrière politique et professionnelle, je n’ai jamais participé à aucune des activités dont on m’accuse. Je mets quiconque en défi d’attester le contraire. J’ai toujours soutenu les efforts des groupes non violents en Haïti qui s’efforce de construire un avenir meilleur où les droits de la personne sont respectés et où les Haïtiens peuvent atteindre la prospérité », explique l’ex-parlementaire. 

 

Quelques jours auparavant, Youri Latortue, ancien président du Sénat haïtien, et Joseph Lambert, l’actuel président de l’institution sénatoriale, ont été aussi touchés par les mesures des autorités canadiennes et américaines. Pour le reste, qu’il s’agisse de l’ancien président Michel Martelly, du sénateur du Plateau central Rony Célestin et de l’ancien sénateur du Sud Hervé Fourcand, ils se complaisent pour le moment dans un profond mutisme. 

 

Esdra Jeudy 

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