Le carburant disponible, son prix inquiète les consommateurs

Depuis le samedi 12 novembre, les produits pétroliers sont disponibles dans les stations-service comme l'avaient annoncé les autorités gouvernementales en mi-semaine. Ce lundi 14 novembre, le transport en commun et le petit commerce ont repris. Cependant, les difficultés financières des familles perdurent et sapent leur bien-être.

9 heures du matin, contrairement aux jours précédents, les activités du transport en commun reprennent progressivement dans les rues de la commune de Pétion-Ville. Le klaxon des tap-tap se fait entendre, des travailleurs en mouvement appellent les passagers par-ci, par-là. L'ambiance est au rendez-vous. Chauffeurs et passagers, malgré les désaccords, veulent s'offrir une nouvelle journée après plus de deux mois de pénurie sévère de carburant. 



 

Ludovick est chauffeur dans le transport cela fait environ 12 ans. Avec son autobus, il a pu payer les études de ses trois enfants jusqu’à l’université. Également grâce à cette activité, il s'est occupé de sa femme qui est au chômage depuis bien des années, mais aussi, il construit son logement dans le quartier de Girardo, à Petion-ville.


 

En revanche, pendant les deux mois de pénurie d'essence qui a bloqué tous les secteurs d'activité du pays, il n'a pas abandonné la rue. « Je suis également menuisier. Avant la crise, après une journée de travail, je pouvais entrer à la maison avec plus de quatre mille gourdes. Le transport en commun, c'est mon meilleur emploi », a-t-il révélé d'un air souriant.  Par contre, après cette très longue période où l'essence a été indisponible dans les pompes, pour faire le plein, Ludovick confie qu'il s'est livré au marché noir et payait le diesel entre 1250 ou 1500 gourdes, le gallon. 


 

Entre autres, constatant la disponibilité de l'essence depuis ce week-end dans les pompes, Ludovick souhaite que ce ne soit pas une réaction sans lendemain du Gouvernement. « Le prix du carburant à la pompe ne colle pas à la réalité. Des parents sont incapables de prendre soin de leurs familles à cause de la cherté de la vie. Pour nous, les chauffeurs du transport en commun, le Gouvernement avait prévu d’accorder une subvention de 20 % sur le prix des produits pétroliers,  jusque-là, ils n'ont pas tenu leurs promesses », assure-t-il.



 

Parallèlement, James, un trentenaire, travaillant comme caissier dans une institution bancaire du pays et propriétaire d’une voiture témoigne : « le gouvernement a ajusté le prix de l'essence en septembre dernier, une partie de la population a gagné les rues pour dire non par rapport à cette décision. Le Premier ministre et ses gangs ont provoqué une pénurie de ces produits et aujourd'hui, ils nous obligent à payer à 570 gourdes le gallon de la gazoline dans un contexte d'insécurité où nous sommes dans l'impossibilité de circuler et la cherté de la vie tue notre économie au quotidien ». N' ayant pas encore assez de moyens pour laisser le pays, James assure que pour faire le plein d'essence dans son véhicule, entre deux ou trois fois par mois, c'est déjà tout son revenu qui y passe. « Payer plus de 10 gallons par semaine à 570 gourdes, c'est beaucoup plus que les 20 000 gourdes de mon salaire ». 




 

De fait, Ludovick espère une amélioration des conditions de vie de la population dans les prochains jours. Pour ce, le gouvernement doit prendre conscience de la situation actuelle du pays. « Le problème de l'insécurité est pire que ce que nous pourrions imaginer. Nous avons besoin de la paix pour circuler librement », confie-t-il. Pour sa part, James soutient que les autorités se montrent de plus en plus irresponsables ; néanmoins, ils doivent réduire le prix de l'essence, établir un climat de paix dans le pays et permettre le bon fonctionnement de toutes les activités, dont la réouverture des classes, qui est primordiale en ce moment.



Oberde Charles

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