Les habitants de Savane Pistache plongés dans le désespoir

La situation est tendue au niveau Savane Pistache, à Carrefour-Feuilles où depuis le vendredi 11 novembre les hommes armés de «Grand Ravin» sèment la terreur au sein de la population. Ces derniers ont incendié plusieurs maisons, dont celle de Cathiana Pierre qui a été brûlée vive. Malgré la présence de la police, des résidents ne cessent de fuir la localité. Bon nombre d'entre eux se sont réfugiés dans l'enceinte du lycée national de Carrefour feuilles.

Dans leur soif d'étendre leurs tentacules en acquérant plus de territoire, les bandits armés opérant au niveau de la troisième circonscription de Port-au-Prince n'en démordent pas.  Comme à Martissant, ils ont envahi depuis quelques jours Savane pistache un quartier de Carrefour feuilles. Pour échapper à la fureur de ces malfrats, les riverains ont en effet abandonné la zone.

 

Ils parcourent les rues de la capitale avec, pour la plupart, un sac contenant quelques effets personnels sur la tête, pour aller rejoindre un proche parent, ou chercher un endroit quelconque pour se loger temporairement. Certains ont élu domicile dans des établissements scolaires publics comme Lycée national de Carrefour Feuilles qui se trouve à une bonne distance de la zone de tension. Pas moins de 120 familles, soit 320 personnes, dont 85 enfants, se sont retranchées dans cet espace.

 

Tôt dans la matinée de lundi 14 novembre, deux hommes sont remarqués en train de nettoyer la cour de l'établissement, pendant que les enfants font un bruit d'enfer en essayant de s'amuser comme s'ils étaient en récréation. Il est en effet 10 h du matin. Dans l'arrière-cour, quelques femmes s'activent pour préparer le repas de la journée. «Nous arriverons à manger grâce à la contribution de quelques bons samaritains», indique l'un d'eux, qui se présente comme un responsable de ce camp. Il demande aux gens de bonnes volontés et à des organisations de leur venir en aide.

 

Toutes les salles du premier étage du bâtiment sont occupées. Des adolescents qui semblent ennuyés font le vas et vient, alors que des femmes, accompagnées pour certaines de leurs enfants, sont allongées à même le sol. «J'ai eu la peur de ma vie», a déclaré une jeune femme de 19 ans.

«Ce jour-là j'ai commencé à écouter des tirs aux environs de 4 h du matin. Que des tirs résonnent dans la zone est une habitude.  J’étais loin d'imaginer qu'il s'agissait d'une invasion. Peu de temps après, j'ai entendu qu'ils frappaient à la porte des gens, et il y en a qui disaient est qu'on les tue ou pas? Je n'ai jamais eu autant peur de ma vie», raconte une déplacée, qui ajoute avoir profité de la lueur du jour pour sauver sa peau et celles de ses progénitures.

 

Si parmi eux certains appellent à une prise de contrôle total des agents de l'ordre pour faciliter leurs retours dans la zone, d'autres n'envisagent pas du tout cette possibilité. «Je ne compte pas retourner de si tôt dans la zone, les bandits peuvent retourner à tout moment d'ailleurs ils sont déjà pris connaissance des voies donnant accès au quartier», déclare un habitant.

 

Mais avec la relance des activités scolaires, ces gens seront forcés de libérer l'établissement, de quoi augmenter considérablement leurs inquiétudes. « Nous n'aurons pas le choix. Avec la réouverture des classes, nous serions obligés de nous déplacer. Si l'État ne vient pas à notre rescousse, nous serons dans les rues»,  s'inquiète une jeune femme.

 

Savane Pistache figure désormais sur la liste de nombreuses localités du pays, notamment de la région métropolitaine de Port-au-Prince, désertée par ses habitants,  craignant la fureur des bandes armées. Les citoyens des autres zones qui ne sont pas tombées totalement sous la coupe des malfrats vivent la peur au ventre, en attendant leur tour.



Esdra Jeudy

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