La fin du Ve siècle et le IVe siècle avant J.-C. furent marqués par la permanence de la guerre. Les décennies de paix qui ont suivi les guerres médiques, dominées par l'hégémonie d'Athènes, ont conduit à une confrontation sans précédent: la guerre du Péloponnèse, dont Thucydide nous a transmis le récit détaillé. Jamais les Grecs n'avaient connu un tel conflit. Il fut le théâtre des pires atrocités et divisa la Grèce entière, jusque dans ses colonies, entre Athènes et Sparte. Ce conflit dura trente ans, jusqu'à la défaite définitive d'Athènes. Ce fut aussi la défaite de la démocratie et le déclin du modèle athénien. Comme le symbole d'un monde en pleine transformation, ce déclin annonçait le retrait de la cité-Etat, dont l'autonomie fut mise en péril par les volontés hégémoniques de Sparte, d'Athènes, de Thèbes et, enfin, du lointain royaume de Macédoine. Toutefois, le déclin politique d'Athènes s'accompagna d'une éblouissante floraison intellectuelle et artistique. Si la cité était malmenée sur les champs de bataille, elle était aussi questionnée sur le plan intellectuel par une nouvelle pratique: la philosophie. Plus largement encore, c'est la parole même, le logos, sous la forme du discours rationnel ou de la rhétorique, qui devint l'instrument politique par excellence. La mutation toucha jusqu'à la figure du grand homme: le chef de guerre devint un orateur brillant. Ainsi, dans sa période de déclin, la cité connut aussi l'apogée d'un personnel politique nouveau, dont le génie consistait à séduire et à persuader les foules.