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Crise en Haïti: vers une intervention militaire?

L'instabilité politique et sociale affecte toujours Haïti, ce qui a mené aux sanctions et à l'aide financière canadienne pour le pays. Photo: Valerie Baeriswyl/AFP

Alors que le Canada annonçait le 20 novembre de nouvelles mesures concernant la crise en Haïti, certains membres de la diaspora haïtienne à Montréal sont d’avis que des sanctions supplémentaires sont nécessaires, alors que d’autres contestent l’ingérence canadienne.

En entretien avec Métro, le député fédéral de Bourassa, Emmanuel Dubourg, explique que le Canada impose depuis dimanche des sanctions historiques contre neuf Haïtiens contribuant à l’instabilité du pays.

«En plus du chef de gang Jimmy Chérizier , le Canada impose des sanctions à huit personnalités politiques qui utilisent la crise en Haïti pour s’enrichir. Dorénavant, ces neuf personnes sont interdites de séjour au Canada et leurs avoirs ainsi que leurs comptes en banque sont gelés; ça n’a jamais été fait dans l’histoire d’Haïti et ça a créé une onde de choc dans le pays», explique le député, rappelant qu’une des personnes sanctionnées détenait une villa à Laval.

Des sanctions insuffisantes

En revanche, la classe politique haïtienne demande une aide militaire directe, ce à quoi le Canada n’a toujours pas consenti, situation suscitant des réactions au sein des élus locaux.

«Le Canada veut y aller graduellement avec des sanctions qui visent les gangs et les personnes mal intentionnées directement, souligne Emmanuel Dubourg. C’est à souhaiter que la communauté internationale applique davantage de pression.»

Le député provincial de Viau, Frantz Benjamin, estime quant à lui que des sanctions encore plus fortes et symboliques seraient souhaitables.

Il y a encore d’autres personnes à sanctionner, le gangstérisme est une activité lucrative, on le voit dans la manière où le peuple haïtien a été pris en otage au cours des derniers mois. Ce sont des sanctions que nous souhaitons plus fortes, ce qui permettra d’envoyer un message clair, à savoir que l’impunité ne sera pas tolérée.

Frantz Benjamin, député provincial de Viau

Une solution qui ne fait pas consensus

Bien que l’aide financière que fournit le Canada à Haïti soit généralement perçue d’un bon œil par la diaspora haïtienne à Montréal, une possible intervention militaire canadienne crée des divergences de points de vue sur le rôle du Canada dans la crise en Haïti.

«Haïti est un pays indépendant, affirme Dorcelan Altidor, coordonnateur général de l’Association canadienne des chrétiens d’origine haïtienne à Montréal (ACCOHAM). Nous, en tant que Canadiens d’origine haïtienne, nous sommes pour une aide des policiers qui sont déjà sur place tant au niveau de la formation que de la fourniture des armements. L’armée canadienne ne connaît pas les réalités du terrain.»

Rappelons que sur cette question, l’organisme communautaire et culturelle Maison d’Haïti avait déclaré au Journal de Montréal en octobre dernier que la population haïtienne n’en voulait pas et «qu’aucune des formes d’occupation n’a jamais rien apporté à Haïti».

Emmanuel Dubourg reconnaît qu’il y a des divisions quant à l’intervention canadienne en Haïti d’après les comités auquel il a participé. Il se veut cependant rassurant face au spectre d’une potentielle intervention militaire canadienne, affirmant qu’il n’y en aura pas tant qu’il n’y a pas de consensus politique et populaire clair en Haïti.

«L’intervention militaire est quelque chose qui doit être fait par consensus de la population haïtienne, soutient M. Benjamin. C’est clair qu’il y a une urgence d’agir en matière de sécurité, mais sans passer par une intervention ou une occupation militaire. Il y a peut-être d’autres formules à explorer qui seraient dans l’intérêt du peuple haïtien.»

M. Dubourg conclut en précisant que le Canada continue de surveiller l’évolution de la crise qui secoue Haïti et que d’autres sanctions viendront en fonction des résultats sur le terrain.

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