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Équipements numériques : impacts et bonnes pratiques

Publié le 23 novembre 2021

Le numérique est de plus en plus présent dans nos vies et a permis de multiples évolutions : réduction des déplacements, meilleure circulation de l’information, amélioration du confort au quotidien… Or ce mode de vie « dématérialisé » repose sur des milliards d’équipements matériels (34 milliards d’équipements informatiques dans le monde en 2019) et a des conséquences très concrètes sur l’environnement.

De leur fabrication à leur destruction, les objets numériques engendrent des impacts tout au long de leur cycle de vie : épuisement des ressources, émissions de gaz à effet de serre, accumulation de déchets… Mieux connaître ces impacts permet aussi de mieux les éviter : nul besoin de revenir au « modèle Amish » dénigré par Emmanuel Macron pour adopter une consommation plus responsable du numérique et réduire autant que possible son empreinte écologique.

Le cycle de vie de nos équipements numériques et leurs impacts

Chaque étape du cycle de vie de nos équipements numériques a des impacts différents et plus ou moins forts sur l’environnement.

L’extraction des matières premières

L’extraction des matières premières est l’étape la plus impactante. La production de nos équipements nécessite d’extraire de nombreuses quantités de ressources abiotiques, ressources naturelles non vivantes et non renouvelables. Exemple : les fameux minerais, dont les terres rares (cérium, scandium, terbium…), très convoitées pour fabriquer de multiples composants électroniques comme les écrans ou les puces de nos téléphones. L’extraction des minerais est une catastrophe tant écologique, à cause des produits toxiques très polluants utilisés puis rejetés dans les milieux, qu’humaine. Elle est bien souvent synonyme de travail forcé et de droits bafoués des populations locales, comme en République Démocratique du Congo. On y qualifie ces minerais de « minerais du sang » ou « minerais de conflits », car ils sont à la source d’une domination de milices armées ultra violentes, d’un commerce illégal des métaux finançant la guerre civile et de l’exploitation des populations.

L’assemblage

La « dématérialisation » des échanges s’accompagne d’une production matérielle toujours plus abondante. Et si la taille de nos équipements se réduit avec le temps, leur coût social et environnemental, lui, ne cesse d’augmenter. En effet, la miniaturisation et la complexification constantes des appareils entraîne une multiplication des matières premières utilisées (70 matériaux pour fabriquer un smartphone !), ainsi que des traitements chimiques et des besoins énergétiques. À noter que la phase de fabrication est plus énergivore que la phase d’utilisation par le consommateur, et émet également plus de CO2.

L’utilisation

On peut mesurer le coût de nos équipements du quotidien sur notre facture énergétique mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Le numérique représente 4 % de la consommation d’énergie primaire mondiale et 5,5 % de l’électricité mondiale (répartie entre terminaux, réseaux et data centers). Si la priorité pour limiter l’impact environnemental du numérique est bien de réduire la quantité de matériel produit, il est également important de repenser nos usages et de tendre vers une plus grande sobriété.

La fin de vie

Les déchets d’équipements numériques, en tant que déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), sont considérés comme des déchets dangereux car les substances qu’ils contiennent peuvent présenter des risques pour la santé et l’environnement. C’est le cas des métaux lourds, qui, relâchés dans les milieux, polluent les sols et les eaux. C’est aussi le cas des circuits imprimés dont la combustion est cancérigène. Les différents composants requièrent un traitement séparé, ce qui rend la fin de vie des DEEE particulièrement compliquée à gérer :

  • Ceux qui ne sont pas collectés ou récupérés afin d’être réutilisés ou recyclés sont en bonne partie enfouis ou traités dans des canaux informels : un rapport de l’ONU de 2013 estimait que 75% des DEEE échappent aux filières légales de recyclage sont exportés illégalement en Chine, en Inde, ou dans des pays d’Afrique,
  • Ceux qui atteignent les filières légales de recyclage en Europe se heurtent souvent au problème de la recyclabilité : la manière dont ils ont été fabriqués peut rendre difficile voire impossible de dissocier et de récupérer les matières premières qui les composent.

Le rôle des industriels

L’écoconception

Le bilan particulièrement lourd des premières étapes du cycle de vie (extraction des matières premières et fabrication) fait de l’allongement de la durée d’utilisation de nos appareils une priorité absolue, qui doit être prise en compte dès la conception du produit.

L’écoconception consiste ainsi à intégrer « des aspects environnementaux dans la conception et le développement de produit avec pour objectif la réduction des impacts environnementaux négatifs tout au long du cycle de vie d’un produit » (norme ISO14006:2011). Il s’agit d’intervenir à la source, en réduisant l’impact d’un équipement dès sa phase de conception. Il peut être question de réduire les quantités d’eau et d’énergie utilisées pour la production des équipements, de privilégier les matières et matériaux les moins polluants et ayant le moins de conséquences sociales néfastes, ou encore de faciliter la déconstruction des équipements, et ainsi leur réparation et leur réemploi afin d’allonger leur durée de vie.

ecoconception

Le phénomène d’obsolescence programmée

L’obsolescence programmée est désormais bien connue. Ce phénomène vise à réduire volontairement la durée d’usage d’un bien dès sa conception dans un but de marketing et nous pousse à renouveler fréquemment nos équipements électriques et électroniques, particulièrement difficiles à réparer. À cause de l’obsolescence programmée, la durée de vie d’un ordinateur portable, par exemple, n’est que de 2 à 5 ans ! Elle est un délit en France depuis 2015. L’association Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP) a réussi à faire condamner Apple en 2020 pour l’obsolescence des iPhone, mais cela n’a pour le moment pas suffi à mettre définitivement fin à cette pratique.

Au-delà de l’obsolescence programmée, qui cache elle-même d’autres types d’obsolescence, il y a aussi l’obsolescence liée à l’usage que l’on fait de ses équipements, loin d’être négligeable.

5 conseils pour rÉduire l’impact de vos Équipements numÉriques

1. En prendre soin pour allonger leur durée de vie

Il s’agit du geste le plus efficace si l’on veut réduire son impact ! Plus qu’un geste, c’est une attitude voire une philosophie de vie. De nombreuses solutions sont à retrouver sur longuevieauxobjets.gouv.fr. Par exemple : protéger son smartphone à l’aide d’une coque et d’un verre trempé pour l’écran, nettoyer régulièrement son ordinateur (physiquement et au niveau du système), prendre les mesures de sécurité nécessaires (antivirus, antispams, etc).

2. Les réparer si possible

Plusieurs options s’offrent à vous :

  • le faire vous-même, en vous basant sur des tutos en ligne ou en demandant à un proche ;
  • emmener votre équipement dans un lieu spécialisé dans la réparation collaborative (ou co-réparation) réunissant de simples usagers et des experts, comme un Repair Café ;
  • faire appel à un réparateur près de chez vous.

Bon à savoir : dès lors que vous achetez un appareil en magasin ou en ligne, vous bénéficiez d’une garantie légale de conformité de 2 ans.

réparation

3. Consommer responsable

Quelques bons réflexes peuvent permettre de consommer moins d’équipements numériques ou au moins de mieux les choisir :

  • Louez des équipements que vous n’utilisez qu’occasionnellement auprès d’une entreprise spécialisée qui prend en charge les pannes et les casses (par exemple la coopérative Commown) ;
  • Achetez du matériel de seconde main ou reconditionné (c’est-à-dire remis en état par un professionnel et sous garantie) ;
  • En dernier recours, achetez neuf en vous référant aux labels : chaque label a ses spécificités. Pour vous, l’Ademe a sorti un guide sélectionnant 100 labels recommandés, dont certains s’appliquent aux équipements numériques.

4. Offrir une seconde vie aux équipements qui fonctionnent encore

Si vous souhaitez vous débarrasser d’un appareil alors qu’il fonctionne encore :

  • Troquez-le ou donnez-le à un proche, à un particulier par le biais d’un site internet, à des réseaux solidaires ou à une structure de l’Economie Sociale et Solidaire (ressourceries, Emmaüs, réseau Envie…) ;
  • Vendez-le d’occasion sur un site de rachat spécialisé ou en magasin en cas de reprise.

5. Penser à la collecte des DEEE

Malheureusement, nos tiroirs regorgent de vieux téléphones, ordinateurs et câbles en tout genre dont nous ne savons pas quoi faire… Ce n’est pourtant pas une fatalité :

  • Ramenez votre ancien appareil en magasin pour tout nouvel achat (reprise « 1 pour 1 ») ou sans obligation d’achat s’il s’agit d’un petit appareil de moins de 25 centimètres (comme les câbles, reprise « 1 pour 0 ») ;
  • Donnez-le à un revendeur s’il est encore en bon état ;
  • Profitez d’une collecte de proximité, organisée par la collectivité, Emmaüs ou un éco-organisme ;
  • Déposez-le en déchèterie, où des bacs séparés sont mis à votre disposition.

D’autres bonnes habitudes peuvent permettre de réduire l’impact de la phase d’utilisation :

  • éteindre nos équipements le plus souvent possible,
  • privilégier l’utilisation parcimonieuse d’une imprimante partagée,
  • utiliser le réseau filaire en priorité puis le wifi plutôt que le réseau 4G et le partage de connexion,
  • repenser sa politique de messagerie en réduisant au maximum ses envois, en rangeant, classant ses mails et en faisant régulièrement le tri dans sa boîte mail…

À vous de jouer !

affiche numérique

Les outils développés par nos assos

  • Un simulateur en ligne développé par Meuse Nature Environnement, pour vous permettre d’estimer l’impact des principaux usages d’internet (émissions de gaz à effet de serre, consommation électrique), complété par un livret « Citoyen numérique » qui compile l’essentiel de la connaissance sur les impacts cachés du numérique.
  • Un guide des bonnes pratiques en matière de sobriété numérique, créé par FNE Île-de-France à destination des particuliers et des associations.
  • Les nombreux outils mis au point par Point de M.I.R. (Maison de l’Informatique plus Responsable) : abanico des éco-gestes, vidéos, mallettes «Voyage au cœur de nos machines” ou encore un carnet de santé pour nous aider à allonger la durée de vie de nos postes de travail.

Découvrez également nos outils et actions pour la Semaine européenne de la réduction des déchets 2021 (SERD).

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