Des banderoles "Stop Eacop" déployées dans les plus grandes écoles d'ingénieur et de commerce de France. C'est ce que prévoient de faire des dizaines d'étudiants ce mercredi 26 avril pour dénoncer le projet de pipeline porté par TotalEnergies en Ouganda et en Tanzanie. Plus globalement, il s'agit aussi de prévenir leurs futurs employeurs qu'ils ne travailleront pas pour les entreprises qui ne respectent pas l'Accord de Paris.

"Nous faisons les mêmes écoles que vos dirigeants, mais nous ne ferons pas les mêmes carrières". Les étudiants de douze grandes écoles – HEC, Polytechnique, Mines de Paris, Ponts et Chaussées, Centrale Supélec, AgroParisTech, Télécom Paris, ESPCI, IMT Atlantique, Sciences Po Paris, Mines Saint-Etienne, Centrale Lille – se mobilisent ce mercredi 26 avril pour le climat. Dans leur ligne de mire, le projet Eacop mené par Total Energies en Ouganda et en Tanzanie.
"À 11h30, dans le hall de notre école, nous déploierons de grandes banderoles pour dire stop au projet Eacop et prévenir que nos études ne serviront pas à détruire la planète", explique Lucie Sarthre, 21 ans, étudiante en première année aux Ponts et Chaussées, une école d’ingénieur particulièrement réputée. Impliquée dans l’association écolo du campus, elle n’imaginait pas que la campagne qu’elle a lancé avec une amie il y a quelques mois prendrait autant d’ampleur. 

"Nous voulons un métier qui ait du sens" 


Le projet Eacop, une véritable "bombe climatique", prévoit la création de six champs pétrolifères et la construction du plus grand pipeline chauffé au monde, reliant la région du Lac Albert en Ouganda au port Tanga en Tanzanie, avec des conséquences environnementales mais aussi sociales particulièrement importantes. "Selon un sondage réalisé par notre association, plus de la moitié des élèves des Ponts ne sait pas ce qu’est Eacop, il est important de les sensibiliser", nous explique Lucie Sarthre.
Elle a préparé la mobilisation de mercredi avec Victoria Constantini, élève en première année aux Mines de Paris. "Nous avons choisi de nous concentrer sur ce projet en particulier, mais ce sont toutes les entreprises qui portent ce genre de projets climaticides qui sont globalement visées, indique-t-elle à Novethic. Nous souhaitons leur dire que nous voulons un métier qui ait du sens et que nous refuserons de travailler pour elles si elles ne protègent pas la planète", lance la jeune femme de 20 ans.

"Réactiver les réseaux écolos étudiants"


Le mouvement rappelle celui de "Pour un réveil écologique", qui avait publié un manifeste en 2018 appelant à un changement en profondeur dans le choix du futur employeur, mais ne s’en revendique pas. "Nous voulions réactiver les réseaux écolos étudiants qui avaient été un peu mis en sommeil par le Covid et nous nous mobilisons en notre nom propre", précise Victoria Constantini.
Ces derniers mois, certains élèves des grandes écoles ont surpris en prononçant un discours particulièrement engagé lors de leur remise de diplôme, appelant à "bifurquer", ou encore à "rompre avec l’immobilisme climatique", allant même jusqu’à siffler un discours de Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies, parrain de la promotion 2015 de Polytechnique.
"Moi je n’irai pas jusqu’à bifurquer parce que je ne ressens pas ce besoin de renouer avec la nature, je préfère rester dans le monde dans lequel j’évolue tout en changeant les choses de l’intérieur, raconte Victoria Constantini. Mais ce qui est certain, c’est que je ne travaillerai pas pour une entreprise comme TotalEnergies si elle ne change pas sa logique d’investissement ou dans une entreprise qui soutient le projet Eacop." Les entreprises ne sont plus seulement soumises à la pression de leurs investisseurs et de leurs clients, mais de plus en plus à celle de leurs futurs salariés.
Concepcion Alvarez

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes