Séminaire pluridisciplinaire

Les séances se tiendront en présentiel
INalCO, 65 rue des Grands Moulins, Paris XIIIe

Organisateurs : Samra Azarnouche (EPHE PSL, CeRMI), Justine Landau (Sorbonne Nouvelle, CeRMI), Romain Mascagni (INaLCO, CeRMI)

Le séminaire mensuel de recherche « Société, politiques et cultures du monde iranien », organisé par l’UMR 8041 Centre de Recherche sur le Monde Iranien (CNRS – Sorbonne nouvelle – INaLCO – EPHE), présente les recherches récentes sur l’Iran et le monde iranien, de l’Antiquité à nos jours, selon une approche « aire culturelle » et dans une perspective pluridisciplinaire (linguistique et philologie, littérature, histoire, histoire de religions, histoire de l’art, sciences sociales…). Il fait intervenir les membres de l’unité de recherche (chercheurs, enseignants-chercheurs et doctorants) mais aussi des invités venant d’autres institutions universitaires en France et à l’étranger. Le séminaire est conçu comme un lieu d’échanges et de débats, et aborde les problématiques en articulation avec les cinq axes de recherche développés au sein du CeRMI: Produire, écrire, échanger; Les communautés religieuses: textes, traditions et identités; Etats, territoires et sociétés contemporaines; Littératures et création littéraire; Langues et linguistique. Le séminaire s’adresse aux doctorants et chercheurs travaillant sur l’aire culturelle iranienne, et il est également ouvert aux étudiants de Master et plus largement à tout public intéressé par ces thématiques de recherche.

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Programme en format PDF

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Mardi 10 octobre 2023, salle 3.15 (17h-19h)

Touraj Daryaee (University of California, Irvine)
From the Achaemenid Empire to Medieval Persia: ‘Earth & Water’ in the Iranian Conceptual World

Résumé

According to Greek sources the Achaemenid Persians accepted the submission of lands/city-states through receiving of a handful of land and water. The Greeks gathered the symbolic meaning of such an act, but what the Persians really thought of this ritual has not give a proper answer. One may be able to understand Persian actions against some of the Greek city-states, but also in later history vis-à-vis Armenia by looking at the Persian literature throughout history. The key to understanding the Persian idea of this concept is to delve into time in the Middle Persian literature of late antiquity and that of Classical Persian literature in the medieval period. This talk attempts to answer why was ‟earth & water” so important to the Iranian imaginary and its symbolic significance which pervaded till the twentieth century.

Orientations bibliographiques

  • J. M. BALCER, “The Persian Wars Against Greece: A Reassessment”, Historia 38 (1989), p. 127-143.
  • Hilmar KLINKOTT, „Dem König Erde und Wasser bringen“ – Persisches Unterwerfungsritual oder hero­do­teisches Konstrukt? in A. Luther, H. Börm. Diwan. Untersuchungen zu Geschichte und Kultur des Nahen Ostens und des östlichen Mittelmeerraums im Altertum (Festschrift für Josef Wiesehöfer). Duisburg, 2016, p. 133-182.
  • Amélie KUHRT, “Earth and water” in A. Kuhrt and H. Sancisi-Weerdenburg (ed.). Achaemenid History III. Leiden, 1988, p. 87-99.
  • Arnoldo MOMIGLIANO, “Terra marique”, Journal of Roman Studies 32, 1942, p. 53-64.
  • Eduard RUNG, “The Language of the Achaemenid Imperial Diplomacy towards the Greeks: The Meaning of Earth and Water”, Klio 97(2), 2015, p. 503–515. 

   
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Vendredi 10 novembre 2023, salle 3.03 (17h-19h)

Maryam Nourzaei (Uppsala University)
Mamabies ritual tradition among African diaspora in Balochistan

Résumé

The goal of this presentation is to examine the content and themes found in the ritual Mamaby songs performed within the Afro-Baloch communities residing along the coast in Sistan and Balochistan. The term « Afro-Baloch » refers to individuals of African descent who were brought to Balochistan from Africa. Over time, they abandoned their original language and adopted Balochi. What sets them apart from other regional groups is their practice of unique traditions (Nourzaei in print and prep).

The term « Mamabies » (coined for this study) pertains to songs sung by women specifically for a pregnant women during pregnancy, childbirth, and the postpartum period. The data used for this study is derived from a growing collection of songs performed by four elderly Afro-Balochi female singers from the towns of Dashtiyari, Chabahar, Negor, and Konarak. These singers range in age from 38 to 80 years and have not received formal education. The ritual songs are characterized by their brevity and frequent repetition, and they are exclusively sung by women. Typically, a group consists of one lead singer and seven ordinary women.

The data reveals that the forms and themes of these ritual songs have become entirely intertwined with their Balochi counterparts.

Orientations bibliographiques

 

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Jeudi 07 décembre 2023, salle 5.21 (17h-19h)

Alka Patel (The University of California, Irvine)
Architectural Epigraphy: Ornament, Ideology and Empire

Résumé

The shortlived Ghurid-Shansabani empire (c. 1145-1215 CE) at its height extended from modern western Afghanistan, through the Indus’s alluvia and the Ganga-Yamuna duab, to western Bangladesh. As such, this political-cultural formation furnishes promising entrées for analyses of the aforementioned regions’ historical pasts, opening vistas on such macro processes as pre-modern state-building and Islamization, as well as granular phenomena such as the impacts of theological and juridical debates on the very mechanics of empire. This presentation plumbs the informative potential of the Ghurid-Shansabanis’ architectural patronage and its inseparable epigraphic programs for elucidating the realities of multiple societal strata, and their variegated participation in the imperial project.

Orientations bibliographiques

  • Z.A. DESAI. “A New Inscription of Muhammad Bin Sam.” Epigraphia Indica-Arabic and Persian Supplement, 1968, p.1–3.
  • J.  HOROVITZ. “The Inscriptions of Muhammad Ibn Sam, Qutbuddin Aibeg and Iltutmish.” Epigraphia Indo-Moslemica 12, 1911, p.12–34.
  • A. PATEL. “Transcending Religion: Socio-Linguistic Evidence from the Somanatha-Veraval Inscription.” In Carla M. Sinopoli, Grant Parker (eds.). Ancient India in Its Wider World. Michigan: University of Michigan Press, 2008 , p.143–164.
  • A. PATEL. Iran to India: The Shansabanis of Afghanistan, c. 1145-1190 CE. Edinburgh: Edinburgh University Press, 2022

 
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Jeudi 14 décembre 2023, salle 5.28 (17h-19h)

Mélisande Bizoirre (INaLCO)
Le manuscrit MS 363.2007 du musée d’art islamique de Doha : un exceptionnel exemple de Coran illustré

Résumé

Le Coran MS 363.2007 du musée de Doha pourrait être un exemple typique de production qājāre du milieu du XIXe siècle : un beau manuscrit richement enluminé, doté d’une reliure laquée, probablement fabriqué à Shirāz entre 1830 et 1860. Il présente pourtant une caractéristique très inhabituelle : cinq doubles pages sur lesquelles ont été ajoutées, à une date ultérieure à sa réalisation, des peintures en rapport avec le texte coranique. Cela en fait l’un des très rares exemples de Coran illustrés connus jusqu’ici.

Mais là n’est pas la seule spécificité de ce manuscrit illustré. Aux peintures en pleine page répondent des marges elles aussi figuratives, créant une disposition quasi unique dans les manuscrits du monde islamique. Un dialogue se noue donc entre plusieurs types d’images, créant des cycles iconographiques inhabituels.

Comment expliquer la présence de ces décors ? Quand, où et par qui ont-ils été réalisés ? Quelles étaient les intentions de l’artiste ? Faut-il y voir un simple faux destiné à en augmenter le prix, ou une réalisation artistique à part entière ? Quel lien avec des manuscrits comportant des images à caractère religieux, comme les Qisas al-Anbiya, ou les Falnama ? Autant de questions auxquelles l’histoire de l’art ne peut répondre qu’en partie, par l’observation de la stratigraphie des interventions, le décryptage de l’iconographie et l’analyse stylistique.

Orientations bibliographiques

  • Richard GOTTHEIL. “An illustrated copy of the Koran”, Revue des études islamiques, 5, 1931, p. 21-24 et pl. I-VI
  • Manijeh BAYANI, Anna CONTADINI, Tim STANLEY. The Decorated Word : Qur’ans of the 17th to 19th centuries. London/Oxford : The Nour Foundation, Azimuth, Oxford University Press, 1999
  • Axel LANGER. “Safavid Revival in Persian Miniature Painting. Renewal, Imitation and Source of Inspiration” in Francine Giese, Mercedes Volait, Ariane Varela Braga (eds.). À l’Orientale. Collecting, Displaying and Appropriating Islamic Art and Architecture in the 19th and Early 20th Centuries. Leyde/Boston: Brill, 2020, p. 15-27
  • Rachel MILSTEIN. La Bible dans l’art islamique. Paris : PUF, 2005
  • Nabil SAFWAT. Golden pages: Qur’ans and other manuscripts from the collection of Ghassan I. Shaker. Oxford University Press pour Azimuth éditions, 2000

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Jeudi 18 janvier 2024, salle 3.15 (17h-19h)

David Durand-Guédy (Universität Hamburg)
La littérature d’inshāʾ de l’Anatolie pré-ottomane (12e s.-14e s.). État de la recherche et nouvelles sources

Résumé

Les ouvrages d’inshāʾ sont des compilations de documents (lettres et/ou décrets). Le plus souvent composés par des secrétaires de chancellerie, leur objectif premier était de fournir des modèles, parfois accompagnés d’instructions explicites sur la manière de les composer les documents.

L’inshāʾ persan, qui fleurit au Khurasan au 6e/12e siècle, essaima en Anatolie où les chancelleries des nouveaux états turcs utilisaient exclusivement le persan. Les plus anciens spécimens y datent du 7e/13e siècles. Ces ouvrages présentent un triple intérêt : pour l’étude des normes diplomatiques, pour l’histoire politique des régions concernées, et pour l’histoire sociale de la « persographie ».

Cette présentation permettra de présenter le corpus disponible ainsi que les études qui lui ont été consacrées depuis les travaux pionniers d’Osman Turan. Un grand nombre d’exemples seront empruntés à une source « nouvelle » : Marʿashī 11136. Ce manuscrit conservé en Iran semble être le plus ancien recueil d’inshāʾ anatolien. Il jette un éclairage inédit sur la période de transition entre le sultanat saljuqide indépendant et la suzeraineté mongole (milieu du 7e/13e s.).

Orientations bibliographiques

  • Osman TURAN. Türkiye Selçukluları hakkında resmi vesikalar (Metin, Tercüme ve Araştırmalar). Ankara: Türk Tarih Kurumu Basımevi, 1958.
  • ʿImād al-Dīn SHAYKH AL-ḤUKAMĀʾĪ, Muḥayyā SHAʿĪBĪ ʿUMRĀNĪ. Taḥawwul dar ādāb-i kitābat wa tarassul. Tehran : Intishārāt-i duktur Maḥmūd Afshār, 1399sh:[2020].
  • Colin MITCHELL. ‘A Medieval Nexus: Locating Ensha and Its Ontology in the Persianate Intellectual Tradition, 1000-1500’ in Bo Utas (ed.). The History of Persian Literature, Vol. 5: Persian Prose. London: I.B. Tauris, 2021, p. 1-96.
  • David DURAND-GUÉDY. ‘A New Source on the Saljūqs of Rūm and their Persian Chancery: Manuscript 11136 of the Marʿashī Library (Qum)’, Der Islam 99 (1), 2022, p. 113-141.

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Jeudi 8 février 2024, salle 3.15 (17h-19h)

Arezou Azad (University of Oxford)
Les Cahiers de Bamiyan : Lire et interpréter les documents persans de l’Afghanistan médiéval

Résumé

Cette conférence examine des documents afghans rédigés aux XIIe et XIIIe siècles de notre ère (« les Cahiers de Bamiyan »), actuellement à l’étude par l’équipe du programme « Invisible East ». Il s’agit essentiellement de documents administratifs et juridiques provenant des archives d’un entrepôt d’État traitant de la collecte des impôts et de la gestion fiscale. Un aspect exceptionnel de ces documents est qu’ils reflètent le point de vue d’administrateurs de niveau inférieur et intermédiaire, et parfois même des communautés agricoles rurales et des paysans. Cette séance sera consacrée en particulier aux méthodes développées en vue du déchiffrement et de la lecture de ces documents, ainsi qu’à leur utilisation comme sources historiques sur l’administration rurale. Mon intervention mettra en évidence l’importance de ces documents encore largement sous-utilisés, bien que disponibles en accès libre, pour comprendre le développement de la langue et de l’écriture, de la culture documentaire et de l’histoire (sociale, économique et politique)

Orientations bibliographiques

  • Arezou AZAD, Pejman FIROOZBAKHSH. “ ‘No One Can Give You Protection’ – The Reversal of Protection in a Persian Decree Dated 562/1167” in Acts of Protection in Early Islamicate Societies. Paris: Annales islamologiques, 2020, p. 125-38.
  • Ofir HAIM. “What Is the ‘Afghan Geniza’? A Short Guide to the Collection of the Afghan Manuscripts in the National Library of Israel, with the Edition of Two Documents”, Afghanistan 2, no. 1, 2019, p.70-90.
  • Nafisa IRANI, Ali SAFFARI AQ-QAL’A. Kuhantarīn farhangnāma-yi fārsī-yi dānish-i istīfāʾ. Tehran: Mīrāth-i Maktūb, 1395/2016, 17p.
  • Ann K.S LAMBTON. Continuity and Change in medieval Persia: Aspects of Administrative, Economic and Social History, 11th-14th Century. London: I.B. Tauris, 1988.
  • Marina RUSTOW. The Lost Archive: Traces of a Caliphate in a Cairo Synagogue. Princeton: Princeton University Press, 2020.
  • James C. SCOTT. Weapons of the Weak: Everyday Forms of Peasant Resistance. Yale: Yale University Press, 1985.
  • Shaul SHAKED. “Early Persian Documents from Khorasan,” Journal of Persianate Studies 6, 2013, p. 153-62.

Ressources en ligne

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Jeudi 29 février 2024, salle 3.15 (17h-19h)

Yavuz Aykan (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
L’Empire et son madhhab: vers une relecture de l’impérialisation ottomane

Résumé

Cette communication a pour point de départ la question suivante : quel rôle a joué le droit musulman dans l’intégration des périphéries à l’empire ottoman à l’époque moderne ? Pour éclairer le problème dans sa complexité, je me concentrerai sur le déploiement de la doctrine juridique hanafite dans la ville d’Amid (aujourd’hui Diyarbakır), limitrophe des territoires safavides, et interface du monde iranien. J’examinerai en particulier le sort du terme juridique de hakk-ı karar, comparable au principe romain de l’usucapio, qui désigne littéralement le droit du cultivateur sur la terre agricole « en vertu de la résidence ». Jusqu’au XVIIe siècle, ce principe était régi par les règles du kanun, sorte de code administratif imposé par le souverain. Avec l’intégration de ce principe dans les textes hanafites, on observe l’interpénétration progressive des règles du kanun et de la doctrine sunnite-hanafite, et le déploiement de cette dernière dans les pratiques juridiques ottomanes. En me fondant sur l’analyse d’un procès complexe concernant le destin d’une terre vacante dans la ville d’Amid au XVIIIe siècle, je soutiendrai qu’en s’appropriant les principes du kanun ottoman, la doctrine sunnite-hanafite s’est constituée en soutien aux prérogatives d’État sur les terres agricoles, notamment en période de crise. Ma conclusion mettra en perspective ce processus dans le contexte des politiques sunnites dans la région, pour mieux comprendre le renforcement du hanafisme ottoman aux frontières de l’empire safavide.

Orientations bibliographiques

  • Yavuz AYKAN. Rendre la justice à Amid : procédures, acteurs et doctrines dans le contexte ottoman du XVIIIe siècle. Leyde: Brill, 2016 (en part. p. 183–84).
  • Rifaat ABOU Al-HAJJ. « Power and Social Order: the Uses of Kanun »  dans Irene A. Bierman, Rifaat Abou-El-Hajj, Donald Preziosi (dir.). The Ottoman City and its Parts: Structures and Social Order. New Rochelle/N.Y. : A.D. Caratzas, 1991, p. 77–99.
  • Halil İNALCIK. The Ottoman Empire: The Classical Age 1300-1600. London : Phoenix, 2000 (en part. p. 179–85).

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Jeudi 14 mars 2024, salle 3.15 (17h-19h)

Yury Karev (CNRS, UMR 8546 AOROC)
Les Qarakhanides au Māwarā’annahr : traits identitaires de la dynastie centre-asiatique à travers leur art et les textes de l’époque (fin Xe – début XIIIe s.)

Résumé

Les peintures figuratives mises au jour à partir de l’an 2000 par la Mission archéologique franco-ouzbèke à Samarkand (MAFOUZ) ont révélé un ensemble d’images transmises à la cour qarakhanide à travers le support mural. Cette ouverture sur un monde visuel jusque-là inconnu appelle une étude comparative de l’art figuratif pré-mongol d’al-Mashriq et permet par ailleurs de porter un regard nouveau sur le contexte dans lequel prospérait la culture princière au Māwarā’annahr (Transoxiane), de la deuxième moitié du XIIe au début du XIIIe siècle.

C’est seulement à cette époque, plus d’un siècle et demi après la conquête de Bukhara et de Samarkand à la fin du Xe siècle par les Qarakhanides, que fait jour dans leur cour le besoin d’appréhender leur passé par écrit, à travers des ouvrages historiques et didactiques.

Autre élément de la culture princière, la poésie est non seulement appréciée et récompensée mais aussi pratiquée par les derniers souverains qarakhanides. La correspondance entre les images peintes et les poèmes conservés de Suzanī Samarqandī témoigne d’un riche langage commun et partagé : leurs éléments mettent en exergue l’identité dynastique, tant au sens ancestral (leurs origines turciques, leur lien avec Afrāsiāb, roi mythique du Tūrān) que géographique et idéologique (Tūrān/Turkestān vs. Iran, centralité du royaume de Samarkand).

Orientations bibliographiques

  • Études karakhanides, dans Cahiers d’Asie Centrale, n°9, 2001.
  • Yury KAREV. “From tents to city. The royal court of the Western Qarakhanids between Bukhara and Samarqand”, in David Durand-Guédy (ed.). Turko-Mongol Rulers, Cities and City Life. (Brill’s Inner Asian Library 31), Leyde/Boston : Brill, 2013, p. 99-147.
  • Yury KAREV. ‟Les Qarakhanides”, in Rocco Rante,Yannick Lintz, Monique Buresi (éds.). Splendeurs des oasis d’Ouzbékistan. Sur les routes caravanières d’Asie centrale. Paris : Louvre éditions-El Viso, 2022, p. 217-223.

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Jeudi 04 avril 2024, salle 3.15 (17h-19h)

Camille Rhoné-Quer (Université Aix-Marseille – IREMAM / CeRMI)
Histoire environnementale du monde turco-iranien médiéval : état des lieux, perspectives et étude de cas (bassin versant de l’Amou Darya)

Résumé

L’histoire environnementale, qui analyse les rapports des sociétés à l’environnement, est née aux États-Unis dans les années 1970 et connaît un important renouveau depuis les années 2000. Toutefois, cette approche a encore été peu adoptée par les historiens des espaces turco-iraniens médiévaux. Les facteurs de ce « retard », multiples, incluent notamment la persistance d’un cloisonnement disciplinaire et épistémologique. Or, depuis quelques années, l’essor des études sur le paléoenvironnement de l’Iran oriental et de l’Asie centrale (archéobotanique, archéozoologie, etc.) permet de renouveler nos connaissances et de pallier en partie les lacunes des textes.

Lors de cette conférence, seront abordés les apports des études paléoenvironnementales des vingt dernières années sur les espaces turco-iraniens (thématiques et zones étudiées ; disciplines impliquées), ainsi qu’une réflexion sur la place qu’occupe l’époque islamique médiévale dans ces travaux, souvent consacrés à la longue durée. Nous nous intéresserons aussi aux limites scientifiques et épistémologiques de ce champ.

Enfin, après avoir abordé rapidement, en guise d’exemple, le débat historiographique sur les facteurs des migrations turkmènes et des conquêtes seldjoukides, nous proposerons une étude de cas sur l’Amou Darya : quels rapports les sociétés des premiers siècles de l’Islam entretiennent-elles avec ce fleuve ? De quel type de données (sources textuelles, archives « naturelles ») dispose-t-on pour proposer une histoire environnementale de l’Amou Darya ?

Orientations bibliographiques

  • Arezou AZAD, “The Ecology and Economy of Khurasan in the 7th-8th Century” dans A. Marsham (ed.). The Umayyad World. Londres: Routledge, 2020, p. 332-354.
  • Guillaume BLANC, Élise DEMEULENAERE, Wolf FEUERHAHN (dir.). Humanités environnementales. Enquêtes et contre-enquêtes. Paris: Éditions de la Sorbonne, Série histoire environnementale, 2017, 352 p.
  • Richard BULLIET. Cotton, Climate, and Camels in Early Islamic Iran : A Moment in World History. New York: Columbia University Press, 2009, 167 p.
  • Basira MIR-MAKHAMAD, Sirojidin MIRZAAKHMEDOV, Husniddin RAHMONOV, Sören STARK, Andrey OMEL’CHENKO, Robert N. SPENGLER III, “Qarakhanids on the Edge of the Bukhara Oasis: Archaeobotany of Medieval Paykend”, Economic Botany, 75, 2021, p. 195-214.
  • Jürgen PAUL, “Nomads and Bukhara. A Study in Nomad Migrations, Pasture, and Climate Change (11th century CE)”, Der Islam, 2016, 93 (2), p. 495-531.
  • R. PORTERO, A. FUSARO, R. PIQUÉ, J. M. GURT, M. ELORZA, S. GABRIEL, S. R. PIDAEV, “The Environment in the Islamic City of Termez (Uzbekistan): Zooarchaeology and Anthracology of a 9th-century tannur”, Journal of Islamic Archaeology, 8(1), 2021, p. 1-21.
  • Liang Emlyn YANG, Hans-Rudolf BORK  et alii (eds.). Socio-Environmental Dynamics along the Historical Silk Road. Cham: Springer, 2019, 525 p.

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Jeudi 25 avril 2024, salle 3.15 (17h-19h)

Ahmad Sadri (Lake Forest College, Illinois)
The progressive arch of the Shahnameh’s tragedies

Résumé

In the four tragedies of Shahnameh (Rostam vs. Sohrab, Froud vs. Tous, Siavosh vs. Kay Kavous, and Esfandiar vs. Rostam), human agency gradually takes center stage. The story of Rostam and Sohrab is overdetermined by fate and its instruments: naïveté, inattention, freak accidents, and unintended consequences. In the following two tragedies of Forud and Siavosh, common passions and human frailties of selfishness, greed, and pride stream into the narrative. Yet, it is only in the poem’s last and grandest tragedy that fate, accidents, and supernatural events play no role. Prince Esfandiar’s obsession with becoming king is the prime mover of the tragedy. Thus, ascribed qualities (being of the seed of kings and divine charisma) wane in favor of those achieved by daring courage and practical reason. The epic period lasts a millennium and it ends as a consequence of the battle of Rostam and Esfandiar. In the historical period, we witness the hyper-real tragedy of Bahram-e Chubine vs. King Khosrow Parviz.

Orientations bibliographiques

  • FERDOWSI, Shahnameh, Ahmad Sadri (trans.). London: Norton Classics, (forthcoming in 2025).
  • FERDOWSI, Shahnameh. Jalal Khaleghi-Motlagh (ed.), Tehran: Center of the Great Islamic Encyclopaedia, 2011.
  • FERDOWSI, Al-Shahnama. Fath b. ‘Ali al-Bundari al-Isfahani (trans.), ‘Abd al-Wahhab ‘Azzam (ed.), Cairo: Dar al-Kutub al-Misriyah, 1932, 2 vols.
  • Hamid DABASHI, The Shahnameh: The Persian Epic and World Literature. New York: Columbia University Press, 2019.
  • Dick DAVIS, Epic and Sedition: The Case of Ferdowsi’s Shahnameh. Fayetteville: University of Arkansas Press, 1992.

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Jeudi 16 mai 2024, salle 3.15 (17h-19h)

Simon Berger (CNRS, CeRMI)
Sources persanes et historiographie mongole : écrire et réécrire l’histoire des débuts de l’empire gengiskhanide

Résumé

Le récent travail de critique des sources de l’histoire de l’Empire mongol a mis en lumière, par-delà les cloisonnements artificiels en corpus linguistiques, l’existence d’un substrat historiographique en langue mongole, plus ancien. Contrairement à l’idée reçue, la célèbre Histoire Secrète des Mongols n’aurait donc pas été le seul texte historique rédigé en mongol, par des Mongols. D’autres sources mongoles ont existé et ont été employées par les chroniqueurs, tant persans que chinois, pour rédiger leurs œuvres dans leurs langues respectives, bien souvent sur commande des élites gengiskhanides. La comparaison de deux textes écrits en persan, le Tārīkh-i Jahāngushā de ‘Alā’ ad-Dīn ‘Aṭā Malik Juvaynī et le Majma‘ al-ansāb de Muḥammad Shabānkāra’ī, permet d’accéder indirectement à l’une de ces sources. Celle-ci donne à voir de la fondation de l’Empire mongol et de Chinggis Khan une image bien différente de celle forgée par l’historiographie impériale officielle à partir des années 1250 et passée ensuite dans les travaux des historiennes et des historiens.

Orientations bibliographiques

  • Christopher P. ATWOOD, « How the Secret History of the Mongols Was Written », Mongolica 49, 2016, p. 22-53.
  • Christopher P. ATWOOD, « The Indictment of Ong Qa’an: The Earliest Reconstructable Mongolian Source on the Rise of Chinggis Khan », Historical and Philological Studies on China’s Western Regions 9, 2017, p. 272-306.
  • Christopher P. ATWOOD, « Rashīd al-Dīn’s Ghazanid Chronicle and Its Mongolian Sources », in T. May, D. Bayarsaikhan et C. P. Atwood (dir.). New Approaches to Ilkhanid History. Leyde : Brill, 2020, p. 53-121.
  • Jean AUBIN, « Un chroniqueur méconnu : Šabankara’i’ », Studia Iranica 10, no 2, 1981, p. 213-224 ; reéimpr. in Jean AUBIN, Études sur l’Iran médiéval. Géographie historique et société (éd. Denise Aigle). Paris : Association pour l’avancement des études iraniennes, 2018, p. 143-154.
  • Stefan KAMOLA, « Chapter 3: Mongol Dynastic History, 1302-1304 », in Stefan Kamola. Making Mongol History. Rashid al-Din and the Jami‘ al-Tawarikh. Édimbourg : Edinburgh University Press, 2019, p. 59-90.  
  • Charles MELVILLE, « Jahāngošā-ye Jovayni », Encyclopædia Iranica vol. XIV, fasc. 4 (2008), p. 378-382 ; disponible en ligne : https://iranicaonline.org/articles/jahangosa-ye-jovayni

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Jeudi 6 juin 2024, salle 3.15 (17h-19h)

Amélie Neuve-Église (INaLCO)
L’éducation de soi par le corps dans le chiisme contemporain : l’exemple des marches pèlerines en Iran et en Irak

 

Résumé

Orientations bibliographiques