Publicité

Ce que propose Jean-Louis Borloo pour les banlieues

LE SCAN POLITIQUE - L'ancien ministre a rendu jeudi matin à Édouard Philippe son ambitieux plan de bataille destiné à «faire revenir la République» dans les quartiers face au «repli identitaire et communautaire». Il propose la création d'un fonds de 5 milliards d'euros.

Jeudi matin, Jean-Louis Borloo a remis à Édouard Philippe son plan de bataille pour les 1500 quartiers de la politique de la ville en France, des quartiers populaires en difficulté répartis sur l'ensemble du territoire et dans lesquels vivent quelque 6 millions d'habitants. L'ancien ministre de la Ville, missionné par Emmanuel Macron à l'automne dernier, a travaillé pendant plusieurs mois avec des centaines d'élus et de responsables associatifs pour établir le rapport constitué de «19 programmes robustes, structurants, innovants» qui devront être mis en mouvement «en même temps». Selon Jean-Louis Borloo, les programmes de ce plan «de réconciliation nationale» provoqueront «un effet blast, une spirale positive et une dynamique extrêmement puissante». La menace étant celle d'un «nouvel apartheid», le développement des «incompréhensions» et des «frustrations» qui «si nous n'y prenons pas garde entraîneront replis communautaires, identitaires, xénophobes».

● Un fonds doté de «5 milliards d'euros»

Le 14 novembre à Tourcoing (Nord), Emmanuel Macron avait promis le «retour de l'État» dans ces quartiers. Pour ce faire, le rapport Borloo propose la création d'un fonds doté de «5 milliards d'euros» abondé notamment par «la cession des participations de l'État en 2018» (10 milliards annoncés), qui ne créerait «pas de dépenses budgétaires nouvelles pour l'État».

● Relancer l'ANRU

Les 19 programmes recouvrent l'ensemble des besoins de ces quartiers. De «la qualité urbaine pour tous» placée en tête, jusqu'à la mise en place d'une «Cour d'équité territoriale» en passant par une «académie des leaders» ou aux plans pour lutter conter «l'illettrisme ou illectronisme». Pas question pour le rapport de tourner autour des difficultés sans les nommer précisément. Sur la rénovation urbaine par exemple, première des priorités, le constat est clair: «depuis 4 ans, la rénovation urbaine est à l'arrêt, l'ambition originelle s'est perdue. La bureaucratie a progressivement pris le pas sur la dynamique de projets. Le lien de confiance a été rompu.» Le rapport propose une «relance» de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), fondée par Borloo en 2003 et dont le travail s'est «enrayé», victime d'une «dérive bureaucratique». Le rapport propose de créer un nouvel outil de grande envergure: «une fondation appartenant à la Nation, regroupant les collectivités territoriales, les financeurs, les partenaires sociaux et les bailleurs». Au moins, il propose de «modifier complètement la gouvernance de l'ANRU, qui doit être pilotée par les financeurs, les agglomérations et les bailleurs concernés».

● «Tripler la préscolarisation à 2 ans en REP+»

Dans les premiers programmes décrits, le rapport Borloo évoque la nécessité d'investir dans la petite enfance et la scolarisation. Dans ces quartiers, les places actuelles en crèche «ne couvrent que 22% des besoins». Et «40% des QPV ne disposent pas d'une crèche». Le rapport préconise donc la création de «30.000 places supplémentaires» via «un fonds d'égalité territoriale doté de 300 millions d'euros» créé au sein de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF). Le rapport préconise aussi de «tripler la préscolarisation à 2 ans en REP+», (Réseau d'éducation prioritaire) d'ici à 2020, et de «doubler le taux d'encadrement de 8000 classes de maternelle» de ces REP+. Sans compter la mise en place d'un «club petit déj» gratuit dans les écoles et collèges des REP et REP+ le matin, en plus de «rendre gratuite la cantine le midi». Autre ambition: «reconstruire ou rénover les 300 écoles les plus vétustes dans les 5 ans, dans les quartiers sans mixité» avec un «fonds d'investissement éducatif dans les quartiers» de 1 milliard d'euros. Mais aussi d'accorder une enveloppe de 100.000 euros par an à chaque principal pour «gérer les urgences sociales».

● Création d'une «cour d'équité territoriale»

Plus loin, après de nombreux programmes dédiés à la culture, à la lutte contre les discriminations, à la santé, au sport ou aux associations, le rapport Borloo propose de créer «dans la constitution ou dans une loi organique» une «nouvelle juridiction administrative spécialisée»: «la cour d'équité territoriale». Elle serait «chargée de vérifier la mise en œuvre des moyens de rééquilibrage des politiques publiques» dans ces quartiers. «Présidée par le premier président de la Cour des comptes et composée de magistrats de la Cour des comptes et du Conseil d'État, elle pourra être saisie par toute personne morale ou groupe de personnes s'estimant discriminé sur une base territoriale». Cette cour «pourra condamner tout gestionnaire public ayant failli à l'obligation de moyens qui s'impose à lui pour contribuer à l'équité territoriale des citoyens au regard du service public, ou fait obstruction à sa mise en œuvre».

● Sécurité: un fonds exceptionnel de 100 millions d'euros

En matière de sécurité enfin, le 13e des programmes présentés, mais «première demande des citoyens» selon le rapport, il est indiqué qu'un fonds «exceptionnel de sécurité doté de 100 millions d'euros sera affecté aux 60 villes les plus en difficultés». Parmi de nombreuses mesures financières, le rapport propose «le déploiement de 500 “correspondants de nuit” supplémentaires sur des postes d'adultes-relais», en lien avec la police municipale. Face à une justice embolisée, le rapport juge la création «indispensable» de «2000 postes de magistrats, procureurs et fonctionnaires».

● À la recherche d'«chef d'état-major» pour piloter le programme

Les programmes «peuvent démarrer tout de suite», et sont «parfaitement réalisables, très rapidement», assure le rapport, à condition que chacun «soit piloté en tant que tel et par une ou deux personnalités reconnues». À condition, encore, que «chacune des institutions soit réellement et publiquement en responsabilité avec un chef de file», mais aussi que soit mis en place «un chef d'état-major» avec «l'autorité suffisante donnée par le président de la République», doté d'une «équipe de très haut niveau» pour «impulser, coordonner et adapter l'ensemble du plan».

Chaque année, «l'évaluation des indicateurs pour chaque action» devra être «rendue publique», sans parler d'un rapport annuel «devant le Parlement, sur l'avancée des programmes et l'état de la cohésion nationale». Enfin, un «comité de suivi présidé et constitué de personnalités d'envergure nationale» devra assurer «le suivi de la mise en œuvre des programmes», mais aussi «alerter des difficultés de mise en œuvre en temps réel» et remettre «un rapport annuel au président de la République».

Ce que propose Jean-Louis Borloo pour les banlieues

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
1111 commentaires
  • rgavmarg

    le

    40 ans X 10 milliards d'euros ; combien dans les poches de certains édiles/ entrepreneurs ??

  • jipeka

    le

    Ce qu'il propose, comme d'habitude de l'inéfficacité facturée aux contribuables au plus haut.

  • MIDDLE

    le

    Il faut être inflexible envers les banlieues, pas d'argent. Il faut dresser tous ces hors la loi. Il faut simplement faire du Trump ou du Poutine et couper les vivre jusqu'à retour dans la République.

À lire aussi